top of page

Comprendre la notion de dominance chez le chien : une idéemal comprise et surcotée

Photo du rédacteur: accorddogaccorddog

La notion de dominance chez le chien est souvent mal comprise par les propriétaires de chiens et même certains professionnels éducateurs canin ou comportementalistes. Cette idée repose sur des concepts erronés et peut entraîner des méthodes d'entraînement inappropriées et potentiellement nocives.Pour mieux comprendre pourquoi cette notion est mal interprétée, voici les origines de cette idée, ses faiblesses et l'impact sur le comportement, l'entraînement des chiens et au final sur la qualité de notre relation avec eux.


Chien agressif ? chien dominant ? chien soumis ? chien qui communique ?
Chien agressif ? chien dominant ? chien soumis ? chien qui communique ?

Origines et évolution de la théorie de la dominance chez le chien

La théorie de la dominance chez les chiens trouve ses racines dans des études sur les loups menées dans les années 1940 par Rudolph Schenkel. Ces études observaient des loups en captivité qui montraient des comportements agressifs et des luttes pour s’imposer entre eux. Les chercheurs en ont déduit que les chiens, étant des descendants des loups, devaient également se comporter de la même manière. Cette idée a été popularisée dans les années 1970 par des auteurs comme John Paul Scott et John L. Fuller, et plus tard par David Mech dans ses travaux sur la structure sociale des loups.

Loup en captivité
Loup en captivité

Cependant, les recherches ultérieures de Mech et d'autres scientifiques ont montré que les comportements observés chez les loups en captivité ne reflètent pas ceux des loups sauvages. En liberté, les loups vivent en familles coopératives plutôt qu'en hiérarchies strictes de dominance. De plus, les chiens ont évolué différemment des loups en raison de leur domestication et les loups d’aujourd’hui sont différents des loups d’il y a 20 000 ans dont sont issus les chiens. Ils forment des relations sociales complexes avec les humains et les autres chiens, qui ne se basent pas sur la dominance mais sur la coopération et la communication.


La notion de dominance utilisée au quotidien

La principale faiblesse de la théorie de la dominance chez le chien réside dans son application généralisée et simpliste. De nombreux propriétaires de chiens et certains entraîneurs utilisent la notion de dominance pour justifier des comportements tels que tirer en laisse, sauter sur les gens ou montrer de l'agressivité. Ils croient à tort que ces comportements sont des tentatives du chien pour établir sa dominance sur les humains.

Cependant, ces comportements peuvent souvent être expliqués par d'autres facteurs tels que l'excitation, la peur, l'insécurité ou un manque d'entraînement adéquat. Par exemple, un chien qui tire en laisse peut simplement être excité par son environnement, tandis qu'un chien qui montre de l'agressivité peut se sentirmenacé ou anxieux. En attribuant ces comportements à la dominance, les propriétaires risquent de ne pas aborder les véritables causes sous-jacentes.


Impact sur le comportement et l'entraînement des chiens

L'un des impacts les plus préoccupants de la théorie de la dominance est l'utilisation de méthodes d'entraînement punitives et coercitives. Les propriétaires et les entraîneurs qui croient en la dominance peuvent utiliser des techniques telles que les colliers étrangleurs, les coups de pied ou les corrections verbales sévères pour "dominer" leur chien. Ces méthodes peuvent causer du stress, de la peur et de l'anxiété chez le chien, ce qui peut aggraver les problèmes de comportement et nuire à la relation entre le chien et son propriétaire.

En revanche, des approches d'entraînement positives et basées sur la récompense ont montré des résultats bien meilleurs pour encourager des comportements souhaités chez les chiens. Les méthodes basées sur le renforcement positif se concentrent sur la récompense des comportements souhaités et l'ignorance des comportements indésirables. Cela crée une relation de confiance et de coopération entre le chien et son propriétaire.

Des études comme celles de Karen Overall et de nombreux autres chercheurs en comportement animal ont démontré que les chiens apprennent mieux et sont plus heureux lorsqu'ils sont entraînés avec des techniques positive. Un chien qui reçoit par exemple une friandise pour marcher calmement en laisse est plus susceptible de répéter ce comportement que si on lui inflige une correction punitive pour tirer.




La dominance entre chien peut exister mais de façon très ponctuelle. Elle n’existe pas avec l’Homme.

Un chien peut s’imposer vis-à-vis d’un congénère pour une ressource comme un os dans son jardin. Il ne le fait pas forcément par la violence mais par sa posture qui démontre sa volonté et son assurance. On parle donc plutôt d’assertivité du chien à ce moment-là, dans cet environnement et à gard de l’autre chien. En effet, dans un autre endroit, à un autre moment, pour une autre ressource (jouet, autre nourriture, affection...), à l’égard du même chien ou d’un autre chien, le chien dit « dominant » peut adopter une attitude d’indifférence, de conciliation. Bref, le chien n’est pas une brute mais un diplomate qui ne recherche pas à écraser ses congénères par pulsion sauvage.

Un autre mythe que j’aime bien démonter c’est celui du « passer devant son chien à la porte pour s’imposer comme chef de meute ». Nous sommes dans le fantasme d’une hiérarchie homme-chien. Or, l’Homme contrôle toutes les ressources du chien : nourriture, espace, interactions sociales, liberté… Comment imaginer d’avoir besoin de s’imposer par la force et que le chien en passant la porte devant nous nous montre qu’il nous considère hiérarchiquement inférieur ? En revanche, passer devant son chien ou plutôt lui apprendre à attendre et à venir sur ordre à du sens pour des raisons de sécurité si je ne vois pas ce qu’il y a à l’extérieur ou si je sais s’il y a un danger comme un trottoir en ville (passant, trottinette…).


La notion de dominance chez le chien est une idée très mal comprise qui peut mener à des approches d'entraînement inappropriées et inefficaces avec un usage de la violence légitimée par le fantasme de hiérarchie Homme-Chien.

En adoptant des méthodes d'entraînement basées sur le renforcement positif, en apprenant à lire les signaux d’apaisement des chiens (voir mon article : ) nous pouvons mieux répondre aux besoins de nos compagnons et favoriser des relations harmonieuses et coopératives qui correspondent à notre besoin actuel pour mieux vivre au quotidien avec nos amis à 4 pattes.

 

 

3 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page